Description
En octobre 2007, L’Arachnéen publiait un recueil de 1848 pages intitulé Fernand Deligny. Œuvres. Malgré l’importance du volume, ces Œuvres n’étaient pas « complètes ». (La notion n’a pas plus de sens pour Deligny que pour les écrivains à qui l’écriture tient lieu de « vie ».) L’Arachnéen (auquel nous empruntons donc le nom de notre maison) fait partie des essais inédits que nous avions écartés, faute de place. Nous lui associons aujourd’hui un ensemble de textes datés de la même époque (1976-1982), auquel nous avons donné le titre d’un essai inédit, « Quand le bonhomme n’y est pas ». Outre ce texte, cet ensemble comprend la réédition d’essais publiés dans Les Enfants et le Silence (1980) et quatre textes parus dans les revues Spirali et Spirales.
L’Arachnéen date de 1981 ou 1982. Il appartient au genre de l’essai et propose des variations autour de la notion de réseau. Réseaux : le mode d’être autistique, les lignes d’erre et celles de la main, l’orné des gestes, l’écriture et la trace, la dispersion des lieux de séjour dans les collines cévenoles, Janmari l’enfant autiste, un archipel imaginaire. L’Arachnéen est un mode d’être et un territoire complexe, inné, commun, qui permet de survivre, qui se déploie dehors, à l’écart des visions imposées et des normes du biopouvoir.
L’hostilité de Deligny à la psychanalyse portait essentiellement sur l’application caricaturale de la théorie freudienne. La seconde partie de L’Arachnéen et autres textes, intitulée « Quand le bonhomme n’y est pas », ouvre une perspective inattendue sur les liens entre son approche respectueuse, non invasive, sans interprétation ni « interpellation » (Bertrand Ogilvie) de l’autisme, et la psychanalyse ; entre l’espace-temps silencieux des aires de séjour, ouvert à l’agir et aux « circonstances », et la séance psychanalytique censée accueillir l’« inouï ». Deligny invite ici la pensée de Lacan, et leur commune acception d’un réel hors langage, ineffable.
L’Arachnéen et autres textes inclut un montage de photographies inédites de l’Île d’en bas, où se déroula la toute première expérience de vie avec des enfants autistes (1969) ; et un ensemble de lignes d’erre, également inédites, qui furent la ruse principale de Deligny pour déjouer le langage. Son œuvre, ces textes, sont inséparables de telles images, entre trace et mystère.
sommaire
Avant-propos
L’Arachnéen
L’île d’en bas. Cahier d’images
Quand le bonhomme n’y est pas
Ce voir et se regarder
L’agir et l’agi
L’art, les bords… et le dehors
Carte prise et carte tracée
L’enfant comblé
Ces excessifs
L’humain et le surnaturel
La parade
La liberté sans nom
Semblant de rien
L’obligatoire et le fortuit
Connivence
La voix manquée
Quand le bonhomme n’y est pas
Cartes et légendes
Postface
auteur
Fernand Deligny
Fernand Deligny naît en 1913 à Bergues, dans le Nord, près de la frontière belge. Son parcours se partage grosso modo en trois périodes. Une première (1937-1947) pendant laquelle il – se distingue par son action « libertaire » des méthodes du renouveau éducatif instaurées par l’administration de Vichy. Une deuxième (1947-1962) au cours de laquelle il crée et dirige La Grande Cordée, « association de prise en charge en cure libre », à Paris puis de manière itinérante, dans le sud-est de la France. Après une parenthèse de quelques années, il retourne dans les Cévennes, en 1968 et fonde une structure d’accueil alternative réservée aux enfants autistes. Il meurt dans les Cévennes en 1996, dix ans après la fin du réseau.
De son vivant il publie une quinzaine d’ouvrages et signale ses tentatives éducatives par la publication régulière d’articles dans des revues spécialisées (éducation, éducation populaire, psychiatrie, cinéma). L’expérience de l’autisme l’oriente vers une recherche au croisement de l’anthropologie et de la philosophie, et lui inspire une réflexion incessante sur le langage, l’espace, l’asile, l’humain, l’espèce. Il invente des « lieux de vie » qui anticipent et se distinguent des « communautés thérapeutiques » par un usage pensé de l’espace et le recours à des pratiques artistiques, le tracé, la cartographie, le cinéma, la vidéo. Ses derniers essais concernent l’image ; une image involontaire, autiste, dit-il, qui ne s’imagine ni se prend. Quelques années avant sa mort, il entreprend une autobiographie sans fin (vingt-six versions, deux mille cinq cents pages manuscrites), L’Enfant de citadelle.
presse
Catherine Jourdan, L’Humanité, 25 février 2009. Lire
Michel Plon, La Quinzaine littéraire, 16-31 décembre 2008. Lire
Gwilherm Perthuis, entretien avec Sandra Alvarez de Toledo, Hippocampe, novembre 2013. Lire
traductions
En 2015, plusieurs traductions de L’Arachnéen et autres textes ont paru.
The Arachnean and Others Texts, traduit en anglais par Catherine Porter et Drew Burk, Minneapolis (USA), éditions Univocal, 2015.
Site de l’éditeur
O aracniano e outros textos, traduit en portugais par Lara de Malimpensa, São Paulo, éditions N-1, 2015.
Site de l’éditeur
Lo arácnido y otros textos, traduit en espagnol par Sebastián Puente, Buenos Aires, éditions Cactus, 2015.
Site de l’éditeur